Depuis plusieurs mois, le député Alain Rayes questionne le premier ministre, le ministre des Finances et le ministre de l’Infrastructure sur la création d’une nouvelle banque de l’infrastructure. Il craint que cette banque, qui financera uniquement des projets de 100 millions et plus avec l’argent de contribuables canadiens et d’investisseurs étrangers, n’aide aucunement les petites et moyennes municipalités comme celles qu’il représente. Selon lui, une autre preuve que ce gouvernement abandonne les régions au détriment des grands centres.

 Pour le principal intéressé, plusieurs choses sont louches avec la conception de cette banque. Pour commencer, le député se demande pourquoi le gouvernement a tenu à mettre sur pied cette institution qui a pour objectif de réaliser des partenariats public-privé. Selon lui, PPP Canada, une société de la couronne existante, remplissait déjà ce mandat.  Ensuite, dans la phase de conception de la structure de gouvernance de la banque, les Libéraux ont entretenu des relations douteuses avec la firme d’investissement BlackRock. Cette firme, regroupant de nombreux investisseurs étrangers, a obtenu plusieurs rencontres avec le gouvernement allant même jusqu’à préparer les notes de discours du ministre de l’Infrastructure. Le député y voit donc un conflit d’intérêts flagrant.

 « La proximité qu’entretient le gouvernement avec des investisseurs étrangers est, à mon avis, alarmante. En fait, depuis le début de leur mandat, les Libéraux ont multiplié les situations de conflit d’intérêts. À un point tel que je crois qu’il s’agit ici de la version 2.0 du scandale des commandites. »

 La banque d’infrastructure contestée par plusieurs, dont l’Assemblée nationale du Québec

 Le député de Richmond-Arthabaska n’est pas le seul à critiquer la banque d’infrastructure. Au cours des dernières semaines, l’ancien directeur parlementaire du budget a lui aussi, soulevé de nombreuses inquiétudes quant à la transparence de cette banque. Il y a aussi l’ancien directeur de la Banque de développement du Canada (BDC) qui s’inquiète, quant à lui, sur la gouvernance puisque le premier ministre et le ministre des Finances auront le pouvoir de nommer le président directeur général de la banque, mais également, de le congédier. Ce qui permettra, selon lui, de contrôler indirectement la banque. Finalement, pour ajouter de l’huile sur le feu, l’Assemblée nationale du Québec a adopté à l’unanimité hier une motion pour demander au gouvernement fédéral des amendements afin de démontrer que la banque d’infrastructure soit soumise aux lois du Québec. En réponse à cette motion, le secrétaire parlementaire du ministre de l’Infrastructure, Marc Miller, a indiqué que les élus québécois font preuve d’une « incompréhension incroyable » dans ce dossier. Des paroles qui choquent le député Alain Rayes.

 « Les libéraux se créent une banque, y injectent 35 milliards de l’argent des contribuables, entretiennent des relations douteuses, nous permettent d’en faire l’étude pour seulement une heure trente en comité et se choquent lorsqu’on leur pose des questions sur le sujet. Les libéraux sont arrogants et mal structurés dans leurs dossiers depuis le début. Bien qu’ils tentent de nous museler, nous n’allons pas nous laisser faire. Les Canadiens comptent sur nous », a conclu le député.